Une note intéressante sur Nietzsche - Note de l’éditeur invité: « La philosophie et les valeurs de Nietzsche »

Paul S. Loeb
Université de Puget Sound

Qu’est-ce que la philosophie ? Que sont les valeurs ? Quelle est la relation entre la philosophie et les valeurs ? Ce sont les principales questions introduites par Platon et reprises par Nietzsche dans sa tentative de renverser l’héritage de Platon. Sous l’influence de Socrate, Platon privilégie la raison et la bonté comme clés pour répondre à ces questions, mais le « darwiniste » Nietzsche répond en mettant plutôt l’accent sur les instincts et la lutte pour le pouvoir. Personne n’a fait plus pour éclairer cette réponse que John Richardson, et dans ce numéro, nous célébrons la publication de sa troisième monographie sur Nietzsche, intitulée Nietzsche’s Values (Oxford University Press, 2020). Conformément à la conception agoniste de Nietzsche de l’activité philosophique, nous avons demandé à trois éminents chercheurs qui se sont particulièrement intéressés au travail de Richardson d’examiner, de discuter et d’interroger les idées de ce nouveau livre: Tsarina Doyle, Robert Guay et Paul Katsafanas. John a gracieusement accepté d’offrir quelques réponses à leurs commentaires et évaluations.

De nombreux aspects de la philosophie de Nietzsche qui semblaient autrefois particulièrement étranges ou douteux sont récemment devenus plus acceptables en raison des efforts patients et persistants d’une communauté d’érudits dévoués. Par exemple, il y a maintenant moins de paradoxe associé à la critique de la vérité de Nietzsche et à son approche perspective de la connaissance; il y a moins de perplexité quant à l’accent qu’il met sur les pulsions et les affects psychologiques; et il y a moins de controverse autour de sa conception des valeurs et de son enquête généalogique sur la moralité. Maudemarie Clark devrait certainement être créditée d’une grande partie de ces progrès. Ses capacités d’analyse, sa sensibilité herméneutique et son appréciation des sensibilités philosophiques contemporaines nous ont aidés à comprendre des aspects de la pensée de Nietzsche qui semblaient autrefois étrangers à la tradition philosophique. Mon essai examine et évalue ce que je pense être la proposition d’interprétation la plus intéressante et la plus influente de Clark. C’est son affirmation que le début de Au-delà du bien et du mal montre comment les philosophes, y compris Nietzsche lui-même, ne peuvent s’empêcher de construire leurs images du monde à leur image et à l’image de leurs valeurs préférées.

Lien : https://journals.tplondon.com/agonist/article/view/1990

Pour moi, Nietzsche est intéressant au moins parce qu'il a osé écrire : "Ils ont jalonné de signes sanglants le chemin qu'ils suivaient, et leur folie leur enseignait que l'on prouve la vérité avec du sang". Donc un rejet de la rhétorique du martyre : une cause pour laquelle des gens ont donné leurs vies serait forcément bonne. Ben voyons. Mein Kampf s'ouvre par une grandiloquente dédicace aux quatorze morts du putsch manqué de Munich.

Sur Platon, je trouvé intéressante la thèse de Karl Popper (celui de la "falsifiabilité" en science) qui en fait, carrément l'inspirateur premier des totalitarismes nazi et communiste. https://bouquinsblog.blog4ever.com/le-proces-socrate-irving-stone

Merci Tchar pour ces précisions . J'avoue avoir un peu de mal à lire les philosophes hormis

Clément Rosset et Frédéric Schiffter qui sont faciles à lire car ils écrivent dans un langage courant .


Une interprétation,une explication de l'histoire dramatique de l'hitlérisme et du communisme au travers

des études que vous citez est,certes , toujours possible et je ne suis pas assez cultivé sur ces idées

pour pouvoir vous répondre correctement . Je sais que Nietzsche n'aimait pas Platon car c 'est celui

qui introduit les "arrières-mondes" et pour Nietzsche il n'y a pas d' "arrière-monde" , c'est une illusion

de la pensée , une évasion créée pour s'évader du quotidien et de la mort se profilant au bout du chemin .

Evidemment une question centrale émerge ,explose littéralement aprés l'horreur indicible de la Shoah

(J'ajouterai aussi Hiroshima ) : de quel Dieu peut-on encore parler aprés un évènement aussi horrible ?

Concernant Socrate le problème de l'interprétation se pose aussi : Car s'est Socrate qui s'exprime

à travers les écrits de Platon , et non Socrate lui-même .

Dogiraudet a écrit:

Concernant Socrate le problème de l'interprétation se pose aussi : Car s'est Socrate qui s'exprime à travers les écrits de Platon , et non Socrate lui-même .

Karl Popper estime, plutôt gratuitement à mon sens, que Platon a trahi et défiguré la pensée de Socrate. Je présume qu'il a été intimidé par le statut de "martyr" de Socrate.

Et quand même, on trouve dans la République, par exemple, au livre 3, l'idée que la musique doit être totalement au service de l'état. Plus question qu'elle divertisse ou accompagne les joies et peines privées. Il va jusqu'à préciser, avec l'appui de Glaucon (frère de Platon et musicien par ailleurs) quels instruments on doit garder et quels instruments on doit bannir.