Le 22 juin 1941, les divisions de Panzers entrent en URSS. Brisant le pacte germano-soviétique, Hitler lance, avec l’opération Barbarossa, une gigantesque offensive à l’Est. Elle fera 5 millions de mort en 200 jours. A l’occasion de la sortie du livre-évènement Barbarossa : 1941, la guerre absolue (éd. Passés composés), l’historien Jean Lopez revient pour GEO Histoire sur le semestre le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale.
D’autre part, la victoire sera si rapide que le risque de se faire piéger n’existe pas. Hitler est persuadé que la campagne va durer trois ou quatre mois. Ses généraux sont eux aussi sûrs qu’il s’agit d’une formalité. D’ailleurs, Britanniques et Américains pensent également que l’URSS, à cause de son système planifié trop rigide, ne pourra tenir ni militairement, ni économiquement, et implosera au premier choc. Les chefs de la Wehrmacht sont d’autant moins inquiets qu’ils viennent de liquider la France, considérée comme la première puissance militaire mondiale. Cette euphorie générale masque le caractère improvisé du plan stratégique.
Les objectifs de l’opération Barbarossa sont également flous...
Le maître d’œuvre de Barbarossa, Franz Halder, chef d’état-major de l’armée de terre, défend une conception militaire traditionnelle : détruire le corps de bataille ennemi en une "bataille décisive". Pour cela, il faut l’attirer devant un objectif qu’il sera obligé de défendre : Moscou. Mais Hitler se contrefiche de la capitale russe, qu’il prévoit de noyer sous un lac artificiel ! Ce qui l’intéresse en Union soviétique, c’est la profondeur stratégique et les matières premières. Ses objectifs sont la Baltique, pour mettre la main sur le minerai de fer suédois, et l’Ukraine, avec son blé, les énormes mines de charbon du Donbass et, par-delà, le Caucase et son pétrole.
Grâce au pétrole et à l’acier, il pourra armer les flottes aériennes et navales nécessaires pour battre l’alliance anglo-saxonne. Hitler veut donc concentrer l’attaque sur les deux ailes, vers Leningrad et Bakou, tandis que Halder vise Moscou. Le plan final est un compromis boiteux entre ces deux visions, ce qui entraînera plusieurs crises graves de commandement. Avec, à la clef, d’incessants transferts de troupes, épuisants dans un pays sans routes, qui démoliront littéralement les corps de panzers.
https://www.geo.fr/histoire/operation-barbarossa-hitler-pensait-ecraser-lurss-en-trois-ou-quatre-mois-198117