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 Bouddhisme et violence

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Compagnon
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MessageSujet: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 11:56

Bouddhisme et violence, le cas Birman, l'article de Slate.fr, la réponse dans le Huffington post :

Slate.fr

Le bouddhisme incite-t-il aussi à la haine?
Laura Guien Life 25.05.2013 - 13 h 01, mis à jour le 25.05.2013 à 13 h 01

En Occident, cette religion est vue comme prônant la non-violence. Pourtant, en Asie du Sud-Est, des communautés musulmanes sont la cible d'exactions perpétrées par la majorité bouddhiste.

Un paisible adolescent à lunette encaissant avec bonté les vexations de militaires chinois. Depuis plus de quinze ans, l'imaginaire des Européens a figé le bouddhisme sous les traits de son plus célèbre représentant, le dalaï-lama, tel qu'il a été incarné dans le cinéma. Dans les films de Martin Scorcese (Kundun en 1997) et de Jean-Jacques Annaud (Sept ans au Tibet, la même année) la violence demeure l'apanage des Chinois, le martyre celui de bouddhistes pacifistes.

Mais d'étranges bouffées d’agressivité venues d'Asie du Sud-Est viennent mettre à mal cette image. Ainsi depuis plus d'un an, en Birmanie comme au Sri Lanka, des communautés musulmanes, largement minoritaires, sont la cible d'exactions perpétrées par la majorité bouddhiste.

En Birmanie en 2012, des affrontements entre les deux minorités avaient fait plus de 180 morts et 110.000 déplacés dans le nord. En mars dernier, trois jours d'émeutes anti-musulmanes dans le centre du pays se concluaient sur le tragique bilan de 40 morts tandis que début mai, de nouveaux heurts éclataient au nord de Rangoun.

Un mouvement bouddhiste extrémiste, le «969», qui prétend protéger «la race et la religion birmane» serait même à l'origine de ces émeutes sanglantes. A la tête de ce groupuscule nationaliste dont le nom fait référence à trois principes de base du bouddhisme ( les neuf attributs spéciaux de Bouddha, les six attributs de son enseignement et les neuf attributs spéciaux de l’ordre bouddhiste, la «Sangha»), le moine Wintharu, sorti de prison en 2012 après une condamnation pour «incitation à la haine envers les musulmans».

But de la propagande 969: appeler au boycott des commerces musulmans et inciter à consommer uniquement dans les boutiques bouddhistes. Ainsi depuis plusieurs mois des tracts et des lettres «anti-musulmanes» ont été largement distribuées à travers la Birmanie par le mouvement du moine Wintharu qui d’auto-proclame volontiers le «Ben Laden birman». Une image du clergé bouddhiste qui fait vaciller celle communément répandue en Occident par un dalaï-lama, non-violent, détaché des passions et des biens matériels et qui a condamné les violences faites aux musulmans en Birmanie à de nombreuses occasions. Malgré ces exemples vertueux que nous lui connaissons, le bouddhisme pourrait-il inciter à la haine? Se fait-on une idée trop simpliste de cette religion en Occident?

Pas un, mais des bouddhismes

La confusion que peut créer dans l'opinion occidentale ces dérives violentes trouve sa source dans de multiples malentendus que le grand public a entretenu avec le bouddhisme. Le premier d'entre eux: parler de bouddhisme au singulier. Comme le synthétise Michel Aguilar, secrétaire général de l’Union bouddhiste de France:

«Il existe trois grands courants: le bouddhisme Theravāda de l’Asie du Sud-Est, dont on entend peu parler et qui est pratiqué de façon paisible par la plus grande majorité de cette communauté, le bouddhisme zen, plutôt originaire du Japon, du Vietnam et de la Corée, et enfin, le bouddhisme tibétain.»

Selon les classifications, on notera également le bouddhisme mahāyāna apparu en Chine et en Inde et dont le zen est une école dérivée, ainsi que le bouddhisme tantrique vajrayāna pratiqué dans certaines régions himalayennes.

Parmi ces courants, eux-mêmes divisés en diverses écoles, le bouddhisme tibétain est le plus connu du grand public, au point de se confondre dans l'inconscient collectif occidental comme
sa seule incarnation. Pourtant la propagation du bouddhisme en Occident remonte bien avant l'exode des moines tibétains.

Dès le XIXe siècle, la fascination pour le lointain et l'exotique de l'époque orientaliste introduit le bouddhisme en occident via les milieux savants. L'immigration des Japonais et des Chinois vers Hawaï à la même époque constitue également un foyer qui se développera jusqu'en Europe dans les années 1960 et 1970 lorsque ces minorités y installeront les institutions du bouddhisme monastique à destination des expatriés.
Enfin certains maîtres de religion, voyant que l'Occident s’était montré réceptif tout au long du XIXe siècle, viennent par la suite y diffuser le message du bouddhisme.

«Dans l'histoire de ces processus, qui agissent de concert, les Tibétains, qui occupent le premier rang médiatique, sont arrivés très tardivement par rapport à d’autres traditions. On a ainsi tendance à croire, de manière erronée, que la fascination pour le bouddhisme a commencé en 1951 à la suite de l’annexion du Tibet par la Chine, puis après 1959, avec la diaspora qui a suivi la fuite du 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso», détaille Lionel Obadia, professeur d'anthropologie à l'Université Lyon II et auteur de l'ouvrage Le bouddhisme en Occident.

Notre méconnaissance des différentes ramifications de cette religion pourrait en ce sens peut-être expliquer que l'Occident soit passé à côté d'expressions violentes du bouddhisme.

Origines de la non-violence

Mais qu'il s'agisse du bouddhisme tibétain, ou d'autres branches du bouddhisme, ces spiritualités pourraient-elle réellement permettre de dériver sur des comportements violents?

Selon Michel Aguilar, toutes les formes de bouddhisme prêcheraient une approche pacifiste.

«Si les trois grandes branches ne donnent pas toutes la même priorité aux mêmes enseignements du Bouddha, le concept de non-violence est néanmoins commun à toutes ces branches. Il émane du fait que la racine fondamentale du bouddhisme est de ne pas nuire à autrui.»

Cette notion serait ainsi la pierre angulaire qui soutient le premier cycle d'enseignement du Bouddha, commun en Asie du sud comme aux autres ramifications du bouddhisme. Malgré cela, la non-violence n'est pas un concept propre au bouddhisme.

«A l'origine, l'invention de la non-violence vient de l’hindouisme et plus précisément du jaïnisme, le courant religieux de Gandhi», explique le sociologue Raphaël Liogier, directeur de l'Observatoire du religieux à l'IEP d’Aix-en-Provence et auteur Du bouddhisme mondialisé.

Le jaïnisme applique un concept de non-violence (ahimsa) très poussé, qui refuse l'interruption brutale de toute existence terrestre.

La réutilisation de ce concept pacifiste issu du jaïnisme par certains activistes dont le dalaï-lama l'a rendu indissociable du bouddhisme dans l’inconscient occidental. Une imprégnation d'autant plus forte que ce dernier l'applique de façon encore plus extrême.

«Le dalaï-lama va plus loin que Gandhi car même dans son attentisme il se doit de ne provoquer aucune violence. Il doit faire en sorte que rien de violent n'arrive à la suite de son inaction, auquel cas il assumerait la responsabilité des violences éventuelles. C'est un principe de non-violence active.»

Au sujet de la non-violence, le dalaï-lama se décrit comme un «tout petit suiveur de l'exemple du Mahatma Gandhi».

Cette approche irréprochable et relativement tardive n'empêche pourtant pas l'histoire des bouddhismes d'être parsemée d'épisodes plus violents.

«Pendant la Seconde Guerre mondiale, le moine zen japonais Yasutani justifiait le suicide des kamikaze japonais dans ses sermons au nom de la vacuité du bouddhisme.»

Avant cela, les guerriers samouraïs japonais, bouddhistes eux aussi, dédiaient leur vie à une violence extrême. Des cas particuliers qui s'expliquent, selon Raphaël Liogier, par le rôle d'un concept plus fort encore que celui de non-violence.

«Chez les bouddhistes, il y a quelque chose de fondamental qui compte plus encore que la non-violence, c'est l'intention. Ainsi on ne peut jamais faire quelque chose qui soit opposé au bien d'autrui, excepté si cela va dans le sens de l'éveil.»

Au travers de ces formes de violence, le but n'était donc pas de nuire à l'autre mais d'atteindre à une société meilleure pour les autres et pour soi, deux entités liées dans le bouddhisme.

Fantasme de la modernité

Si ces lectures plus violentes de la religion bouddhiste n'ont pas tellement imprégné l'imaginaire de l'Occident, c'est que le bouddhisme qui s'y est répandu a connu quelques mutations particulières. L'a priori positif sur le bouddhisme qui fait barrage à la compréhension du phénomène «969» s'est cristallisé dès l'époque des orientalistes.

Durant cette période, le bouddhisme est véhiculé en Occident entre autres via les travaux savants du linguiste et indologue Eugène Burnouf, lequel donnera une coloration rationaliste à l’antique tradition asiatique.

«Sur cette base, mais aussi en vertu d’autres processus, on a vu dans le bouddhisme un candidat particulièrement intéressant pour incarner le fantasme de la modernité: une spiritualité sans dogme ni Dieu, intériorisée et individualisée, fondée sur la rationalité», analyse Lionel Obadia. Le bouddhisme exporté en Occident a été ainsi «construit en miroir de tout ce qui était perçu comme négatif dans la religion», ajoute Raphaël Liogier.

Une croyance tolérante, non-violente et centrée sur le bien-être de l'individu quand l'Occident rejette le christianisme perçu comme fermé, obsolète et culpabilisant.

Cette vision du bouddhisme aurait également présenté un avantage pour les asiatiques eux-mêmes. «L'intérêt porté au bouddhisme par les occidentaux a donné un regain d'orgueil aux populations asiatiques colonisées», résume Dominique Trotignon directeur pédagogique de l'université bouddhique européenne. Cette subtile mutation de la croyance est donc encouragée par les populations bouddhistes asiatiques, trouvant dans le bouddhisme un élément de valorisation de leur identité.

«Le bouddhisme que l'on a représenté est celui pratiqué par moins de 5% de la population asiatique, c'est un bouddhisme savant, a contrario d'un bouddhisme populaire. On a donc une vision totalement déformée du bouddhisme en Occident.»

L'écart entre le bouddhisme populaire et le bouddhisme savant expliquerait-il à lui seul que certaines de ces formes puissent inciter à la violence en Asie? L’hypothèse a de quoi troubler quand on sait que la personne à l'origine de cette branche violente en Birmanie est un moine.

Arme symbolique

En réalité, comme toutes les autres religions, le bouddhisme connaît un écart entre ses valeurs intrinsèques et leur mise en œuvre dans la société. Difficile à accepter pour des occidentaux qui ont voulu voir dans le bouddhisme la «religion idéale».

Le bouddhisme souffre donc de multiples décalages. Décalage entre la pratique populaire et la pratique savante; décalage entre un bouddhisme occidental dépolitisé, et un bouddhisme oriental impliqué dans une réalité sociale et politique, particulièrement en Asie du Sud-Est où il a toujours été associé aux mouvements identitaires.

« Dès le IIe siècle avant JC, le bouddhisme était utilisé au Sri Lanka contre l'invasion des tamouls, c'est une réalité sociologique»,
explique Dominique Trotignon. Des rapports entre la sphère religieuse et nationaliste qui sont toujours d'actualité selon Célestine Foucher, coordinatrice d'Info Birmanie, association dédiée à la promotion du respect des droits de l’Homme dans ce pays:

«Le bouddhisme et l'identité nationale sont fortement liés en Birmanie. Ces mouvements identitaires ont toujours été dirigés par des moines, ceux-ci ont un rôle énorme dans les mouvements nationalistes.»

Le clergé bouddhiste a beau avoir été lié à des mouvements politiques comme en 2007 en Birmanie lorsque les moines de la révolution de safran manifestent pacifiquement contre la hausse abusive des prix par la junte, comment expliquer l'émergence d'une frange extrémiste incitant désormais ouvertement à la haine envers une autre confession?

«Sur le principe, le mouvement 969 ressemble à une dérive, mais sur le principe seulement», affirme Lionel Obadia.

«Le problème c'est que l'on oublie qu'il y a des liens fermement établis entre les nationalismes sud-asiatiques et le bouddhisme, depuis le mouvement de décolonisation du XIXe siècle, et dès le début du XXe siècle un peu partout en Asie du Sud-Est, mais en particulier à Sri Lanka et en Birmanie.»

Pour ce spécialiste, dans ces régions, la citoyenneté se confond avec la confession:

«Etre birman, c'est être bouddhiste.»

Dans le cas donc du Sri Lanka et de la Birmanie, le bouddhisme, plus qu'une religion, assurerait le rôle de protecteur symbolique selon Raphaël Liogier.

«Le groupe 969 fait partie de mouvements réactionnels liés à des problèmes identitaires. On a le sentiment d'être agressé par des marges, on réagit en se protégeant. C'est une manière de se définir contre l'autre. Le bouddhisme est dans ce cas une arme symbolique.»

Dominique Trotignon explique:

«Ce qui se passe en Birmanie est excessif, mais si on regarde d'un point de vue historique, il y a là un discours qui s'exerce depuis le IIe siècle avant JC. Ce n'est pas un discours majoritaire, ce n'est pas considéré comme orthodoxe, mais cela a déjà existé.»

Une nouveauté: le rapport à l'islam

Si le discours identitaire n'a donc rien de nouveau, le rapport à l'islam a changé, en revanche, et devient inquiétant.

Le djihad d'al-Qaida n'a pas directement influencé les mouvements bouddhistes extrémistes, mais il a déplacé le curseur des violences en Asie du Sud-Est. Auparavant dirigées vers les hindouistes, ces dernières ciblent à présent les musulmans. Pour Raphael Liogier, ces violences anti-musulmanes sont une réaction au mythe de l'islam mondialisé.

«On est face à un phénomène plus grave que du simple nationalisme avec une crise en Asie du Sud-Est qui se concentre sur l'islam, devenu le nouveau prétexte du sentiment d'insécurité identitaire. C'est un glissement qui est nouveau, influencé par l'image de l'islam globalisé et par les crises identitaires internes.»

Pour les spécialistes, il n'y a pas de risque que cette approche violente contamine les branches non radicalisées du bouddhisme dans le monde, encore moins celle du bouddhisme occidental, dépolitisé et en cours d'occidentalisation.

Paradoxalement, ces dérives pourraient même avoir un impact intéressant sur le bouddhisme. En lui permettant notamment de remettre en question son image, parfois trop idéalisée.

«Il est toujours profitable de sortir des absolus de pureté. Les croyants vont peut-être pouvoir s'approprier leur bouddhisme, et pas forcément rester soumis à une espèce de mythe du bouddhisme qui serait pur», commente Raphaël Liogier.

Une remise en question à ne pas analyser comme une crise de foi, mais bien comme l'incarnation des valeurs-mères de la religion de Bouddha, selon le sociologue.

«Le cœur du bouddhisme est de relativiser l'existence de toute chose. Relativiser l'identité du bouddhisme en lui-même, c'est très bouddhiste!»

Laura Guien


Huffington post :

Le bouddhisme incite-t-il aussi à la non-violence ?

03/06/2013 07:08 CEST | Actualisé 05/10/2016 01:23 CEST
Par Eric Rommeluère enseignant bouddhiste français

Le bouddhisme s'acculture en France et pourtant cette tradition reste encore bien mal comprise dans la sphère publique. On l'assimile le plus souvent à une autre religion avec son cortège de croyances et de commandements. Le bouddhisme n'a pourtant rien d'un système de croyances et toute tentative de le rapprocher de l'une ou l'autre de nos catégories manque nécessairement sa singularité et sa différence. Son objectif fondamental est l'exploration et le dénouement des angoisses, non pas les souffrances psychologiques personnelles, mais les peurs et les angoisses existentielles que partage tout être humain, qu'il s'agisse de la peur de mourir ou la peur de ne pas être aimé. Ses enseignements en sondent les ressorts, ils montrent aussi comment ces peurs produisent des systèmes de représentation et, dans le champ social, des idéologies. Un bouddhiste se définit, non par l'adhésion à des croyances, mais par un double entraînement à dénouer ses peurs et à prendre soin du monde dans les différentes sphères personnelles, interpersonnelles ou sociales. L'un de ses tout premiers engagements consiste à s'exercer d'une façon inconditionnelle à la non-violence, prise au sens le plus large de ne blesser qui que ce soit en acte, en parole et même ou pensée. La non-violence est appréhendée comme un exercice sur nos propres capacités, car chacun de nous dispose d'une capacité morale au discernement, il peut refuser la haine et acquiescer à l'amour.

Le magazine en ligne slate.fr vient pourtant de publier un article intitulé "Le bouddhisme incite-t-il aussi à la haine ?". Son auteur s'essaie à démystifier les enseignements du Bouddha en invoquant les récentes violences contre les minorités au Myanmar (ex-Birmanie), plus particulièrement à l'encontre de la communauté musulmane.

Si le contenu de l'article est moins provoquant que le titre, le texte n'en demeure pas moins ambigu, l'auteur s'attachant à démontrer que la non-violence du bouddhisme ressortirait plus du fantasme occidental que de la réalité. La non-violence serait au fond conditionnelle. Lecture faite, il paraît difficile de répondre à la question posée par le titre de l'article.

Certes, toute démystification est utile et salutaire. Nul ne contestera qu'il existe toujours des écarts entre théorie et pratique et que les messages les plus nobles, qu'ils soient religieux, politiques ou autres peuvent être constamment dévoyés et pervertis.

Le bouddhisme n'échappe évidemment pas à la règle. Dans de nombreux pays du Sud-Est asiatique, l'identité nationale s'est forgée autour des notions de foi, de nation et de peuple. La lutte pour l'émancipation coloniale a tout particulièrement puisé dans une idéologie qui confond le peuple et le bouddhisme. Un fondamentalisme bouddhiste existe qui est particulièrement virulent au Sri Lanka depuis des décennies. Dans ce pays, il a entretenu la guerre contre les Tigres tamouls et ses partisans les plus réactionnaires drainent aujourd'hui dix pour cent environ des voix de l'électorat. Ce fondamentalisme s'exprime aujourd'hui en Birmanie à travers les discours nationalistes et anti-musulmans d'un moine du nom de Wirathu et de son mouvement 969. Si Wirathu se défend de cautionner les violences meurtrières commises contre les musulmans et d'être lui-même non-violent, ses discours incitent clairement à la haine raciale. Dans la plupart de ces pays bouddhistes, les minorités jouissent en théorie d'une égalité de principe garantie par la constitution, mais la réalité est souvent différente, au mieux elles sont tolérées. À plusieurs reprises, dans ces pays, des initiatives bouddhistes ou non, ont été menées pour tenter de repenser le vivre-ensemble et de dépasser ces idéologies dangereuses véhiculées ou relayées par des moines. Au Sri Lanka, le mouvement Sarvodaya, actif depuis quarante ans, propose ainsi une autre culture de la paix et de la non-violence.

La méfiance, le mépris, la haine de l'autre témoigne d'un profond malaise à vivre sa propre identité. Les violences intercommunautaires qui secouent aujourd'hui le Myanmar ne tiennent pas une possible violence du bouddhisme, mais à une défaillance collective dans laquelle les enseignements du Bouddha ont précisément un rôle à tenir afin d'en désamorcer les maléfices. En décembre dernier, plusieurs enseignants bouddhistes de renommée internationale du Canada, des États-Unis, de France, du Japon, de Grande-Bretagne, du Sri Lanka et de Thaïlande publiaient une tribune commune dans les journaux birmans sous le titre "Une réponse des responsables bouddhistes mondiaux face la montée des violences ethniques contre les musulmans au Myanmar" (Une version anglaise a été publiée dans le Huffington Post).
Elle mérite d'être reproduite :

À nos frères et sœurs bouddhistes du Myanmar,

Nous, responsables bouddhistes mondiaux, tenons à exprimer notre bienveillance et notre préoccupation pour les difficultés auxquelles la population du Myanmar est actuellement confrontée. Bien qu'il s'agisse d'un moment de grand changement positif pour le Myanmar, nous sommes préoccupés par la montée des violences ethniques et les attaques ciblées contre les musulmans dans l'État de Rakhine et par la violence à l'encontre des musulmans et d'autres communautés dans l'ensemble du pays. Les Birmans sont un peuple noble, et les bouddhistes birmans portent en eux une longue histoire du respect du dharma [l'enseignement du Bouddha]. Nous tenons à réaffirmer au monde les principes bouddhistes les plus fondamentaux de non-violence, de respect mutuel et de compassion et à vous soutenir dans leur exercice. Ces principes fondamentaux enseignés par le Bouddha sont au cœur de toute pratique bouddhiste : les enseignements bouddhistes sont fondés sur les préceptes de ne pas tuer et de ne blesser quiconque. Ils sont fondés sur la compassion et le soin mutuel. Ils respectent chacun quelle que soit sa classe sociale, sa caste, sa race ou sa croyance. Nous sommes avec vous pour défendre courageusement ces principes bouddhistes, quand d'autres voudraient diaboliser ou nuire aux musulmans ou à d'autres groupes ethniques. Ce n'est que dans le respect mutuel, l'harmonie et la tolérance que le Myanmar peut devenir une grande nation moderne profitable à tous et un formidable exemple pour le monde. Que vous soyez un sayadaw [un vénérable], un jeune moine, une jeune moniale, ou que vous soyez un bouddhiste laïque, s'il vous plaît, parlez, levez-vous, réaffirmez ces vérités bouddhistes, et soutenez chaque personne du Myanmar avec la compassion, la dignité et le respect offerts par le Bouddha.

Soyez assurés de notre soutien dans le dharma.


Car oui, la non-violence est inconditionnelle dans tous ces enseignements.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 12:15

Hélas Compagnon, c'est toujours le même problème :

En tant que philosophie, le bouddhisme est une doctrine de salut individuel pacifiste et remarquable.
En tant que religion, il donne un sentiment d'appartenance à une communauté que chacun souhaite préserver, ce qui entraîne des affrontements. L'homme étant ce qu'il est, certains de ces affrontements sont non violents, d'autres pas.
Lorsqu'un bouddhiste se voit à la tête d'une nation, il doit afin de faire respecter les lois, être le détenteur d'un forme de violence que certains définissent comme "légitime".
"Et ce pouvoir maudit qui corrompt les plus purs
Et amène le sage à cracher sur son frère"
dit une chanson.

Il en va de même pour toutes les spiritualités, pour toutes les philosophies et pour toutes les religions.
On oublie souvent la violence dont on fait preuve les premiers chrétiens lorsque le christianisme est devenu religion d'état sous Constantin (destruction des temples païens et incendie des bibliothèques).
Certains musulmans font pareil aujourd'hui.

Et tous prônent officiellement la paix.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 12:22

La violence nait du sentiment séparatiste que peut faire naître le sentiment religieux chez un individu immature. Donc nous avons une violence exercée qui n'a aucun rapport avec la Vraie Foi religieuse si mal comprise. La revendication sous-jacente à la violence religieuse est le passe-temps des sots..
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 12:45

ET pourtant les religions se comportent comme d'autant icebergs qui se heutent violemment a leurs points de contacts. Quand une religion s'oppose a une autre religion, la violence eclate; Les exemples sont nombreux autour du globe. Seuls les SOTS ferment les yeux.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 13:10

Aux vues de l'expérience, ne peut-on pas dire que la séparation du pouvoir politique du pouvoir religieux, du temporel d'avec le spirituel, est une bonne chose pour les 2 parties, notamment parce que cela évite à la spiritualité de se corrompre au contact du pouvoir matériel, et donc que les religions devraient défendre ardemment ce principe de séparation ainsi que la laïcité parce que ce sont des principe qui les protèges aussi elles-mêmes ?
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 13:32

Oui Compagnon, c'est un bon principe...en théorie.

Mais cela demande à la fois que le peuple soit éduqué et que les politiciens soient honnêtes et raisonnables.
Quant un candidat à la présidence de la république affirme sur une grande chaîne de télévision : "Je suis chrétien !" et fait sans cesse référence aux valeurs chrétiennes dans ses interventions, la laicité n'est-elle pas en danger ?
Lorsque naissent un peu partout dans le pays des groupes de pressions, catholiques et musulmans, les uns voulant interdire le mariage homo, les seconds imposer le hallal dans les cantines scolaires, la laicité n'est-elle pas encore en danger ?
Et l'Homme étant ce qu'il est, n'y a-t-il pas des risques qu'un politicien au pouvoir ne favorise sa propre religion au dépend des autres, ou les persécute toutes s'il est athée ?

Il faut donc mettre en place des institutions qui protègent de tout cela. En France, c'était jusqu'à présent le cas, mais il semblerait qu'elles doivent être modifiées ou renforcées.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 13:57

Je prône le rétablissement des écoles de mystères, seules détentrices des clés d'évolution que les religions exotériques ne possèdent plus et c'est malheureusement vers elles que le chercheur lambda va s'abreuver comme une vache de Guernesey mâchonne son herbe sans remarquer le train qui passe devant elle.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 14:55

Normalement rien n'est mystérieux ou caché dans le Dharma. La paume ouverte du Bouddha en témoigne, il n'a rien gardé par devers lui, il a dit tout ce qui devait être dit, mais simplement avec des niveaux de langage et de profondeur différents selon l'auditoire.
C'est ce que j'en ai lu en tout cas.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 16:00

Voila que les sots demandent un retour en arriere, non seulement ils ne voient pas devant, le train qui passe, Very Happy comme toutes les vaches , mais en plus ils ne veulent pas prendre le train qui lui va de l'avant, vers l'avenir comme il se doit.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 16:13

Le passé n'existe plus et l'avenir est un fantasme; c'est dans l'ultime moment présent que la vérité est accessible. Mais laissons-les fantasmer sur l'inexistant.
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MessageSujet: Re: Bouddhisme et violence   Bouddhisme et violence EmptyLun 9 Jan 2017 - 16:47

"Si tu veux connaître ton passé, regarde ton présent, si tu veux connaître ton avenir, regarde ton présent".
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