Halte à L’ULTRACRÉPIDARIANISME !
cet excès de confiance qui nous fait parler, en experts et avec suffisance, de sujets dont nous sommes en réalité parfaitement ignorants !
« nē suprā crepidam sūtor iūdicāret » : cette locution de Pline l’ancien (23 apr. J.-C) nous invite, en l’absence de maîtrise d’un sujet, à rester dans notre domaine de compétence.
Le terme français qui en découle « ultracrepidarianisme » consiste à donner son avis, et souvent de manière péremptoire et infondée, sur des sujets dont en réalité nous sommes ignorants, engendrant toutes les dérives imposées par une vulgarisation dont l’illusion est de rendre accessibles les connaissances scientifiques, mais également l’accès à l’Art véritable.
En vérité, le “- je ne sais pas- ” nous soulève vers une notion plus haute, plus ouverte que celle, limitée, de notre croyance. Cette ouverture du “ je ne sais pas ”, ce nouvel éclairage sur ce que l’on « croyait » savoir, nous invite et nous incite, en tant que voie, à nous acheminer vers la co-naissance de nous-même.
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Janvier 2021 - Carolyne Cannella
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NB :
Sūtor, nē supra crepidam est une locution latine signifiant littéralement « Cordonnier, pas au-delà de la sandale », ou,
dit autrement, « Cordonnier, tiens-t’en à la sandale ».
Elle est utilisée pour avertir l'interlocuteur d'éviter de porter un jugement qui dépasse sa compétence.
Rappel du contexte :
Anecdote rapportée par Pline L'ancien dans son histoire naturelle.
Ayant exposé des tableaux, le célèbre peintre grec, Appelle, vit un homme critiquer une sandale dans l'une de ses peintures. L'homme en question était un cordonnier. Le peintre le laissa faire considérant qu'il était bien placé pour parler de sandales.
Le constat terminé, l'homme voulut juger le reste du tableau.
Appelle l’arrêta et lui dit : Cordonnier pas plus que la chaussure !