La procrastination

... ou l'art de remettre à plus tard

J'ai bien écrit "l'art", c'est à la fois ironique et réel, dans la mesure où si c'est pratiqué comme "art", la procrastination peut même devenir utile.

J'ai l'impression que tout le monde la pratique, plus, ou moins.  Quelle est votre expérience ?  Vos solutions ?


PS. Je pensais que ce mot barbare était nouveau, mais non.  D'après le CNRTL:
Étymol. et Hist. 1520 (...). Empr. au lat. procrastinatio «ajournement, délai».

C'est une question d'habitude je pense. Alors au début il faut un peu se forcer. Ensuite quand la bonne habitude est prise, il est plus facile de la mettre en pratique.

Bonjour Triskel,
J'en suis victime, je ne croyais pas un de mes anciens collègues que j'ai revu récemment et qui me disait, si tu as quelque chose à faire quand tu prends ta retraite, fais le tout de suite, sinon, tu ne le feras plus, il avait raison. Il a bien évolué tout de même, car il s'est impliqué dans le jardinage, il sélectionne lui-même ses graines de tomates pour ne garder que celles qui poussent dans nos belles Ardennes ensoleillées, hum ! Des fois ça me sert, des fois ça me dessert, j'ai mis presque un mois à renvoyer mon dossier de renouvellement de handicap parce qu'il manquait toujours quelque chose, dix-neuf sous pour faire vingt comme disait ma grand-mère, bon ça ne sert à rien qu'à avoir une carte de priorité pour se faire engueuler aux caisses quand tu revendiques ta priorité sauf à Carrefour où à la caisse "handicapés" ne peuvent plus passer que des personnes qui ont la carte maintenant, il était temps !
Bon après-midi.
Paul.

Excellent sujet, j'y reviens demain.

pour ma part, j'ai remarqué que je procrastinais quand devais entamer des tâches trop importantes, ou que je le décidais.  Du genre
- faire les comptes du trimestre
- ranger ou nettoyer toute la maison

Mon truc est alors de fractionner la tâche, par exemple: juste trier la paperasse.  Souvent une fois en route, je continue, ... ou pas ... mais au moins je ne culpabilise plus.  
Ou juste ranger une seule une armoire.

Ou bien, j'ai tendance à "avant" de boire un café ou faire un tour au jardin et c'est le début d'une série de tâches insignifiantes qui peut durer des heures !  Donc, commencer tout de suite, même pendant un temps très limité (ex: 10 minutes) avant de prendre le café ou sortir.  Là aussi je continue facilement, ou alors, je prends mon café en vitesse, avec la tête déjà "dans" la tâche. Et, étape suivante: je décide de finir ceci ou cela puis de profiter à fond du jardin.

Il est souvent recommandé de faire une liste des tâches à accomplir, mais alors c'est l'horreur !  Le sentiment d'une montagne est encore plus fort.  S'il y a beaucoup à faire (ça arrive!!!) alors je divise en deux colonnes: l'urgentissime (ex: faire les virements sinon j'aurai des amendes à payer) et ce que je peux procrastiner.  Si c'est pour l'ordre: inviter des amis à manger quelques jours après, alors je suis plus motivée...  Dans l'urgence, démarrer va tout seul.  C'est au point que je remets à plus tard exprès, pour être dans l'urgence pour être super efficace, plutôt que de décider de le faire "bien à temps" et de perdre mon temps en tournant autour du pot... C'est là que je vois la procrastination comme un art. Il arrive que quelques jours après, on se rende compte qu'il ne fallait pas le faire, ou qu'on trouvait un moyen de les déléguer ou le faire plus rapidement.

Important aussi dans le cas de l'armoire: ressentir ma fierté d'avoir réalisé ce que j'avais décidé, mon plaisir d'avoir une armoire en ordre.  Du coup, la prochaine fois quand j'hésiterai à m'y mettre, je comparerai avec mon mal être de n'avoir rien fait et d'être toujours dans le brol, et cela me motivera à m'y mettre.

Je dis ça comme ça, mais y arriver m'a pris des années.  Ça avait commencé après une longue maladie, la procrastination était terrible, je ne sortais du mode "tourner en rond en culpabilisant de ne rien faire"  (même pas me reposer ou me promener!) que vers 16h !!!  Horrible.

Bonjour Triskel,
J'ai du mal à me lancer, après une fois que je suis dedans, ça va.
Bon après-midi.
Paul.

D'après ce que j'ai compris (parce que ça me concerne un peu), la tendance à la procrastination peut être un des effets d'une névrose obsessionnelle, donc d'un excès d'introversion (l'excès d'extraversion donnant l'hystérie ou névrose d'angoisse, avec d'autres problèmes).

dis, tchar, je parle de la procrastination courante, celle qui consiste à trop facilement remettre à plus tard ce qu'on n' a pas envie de faire... pas de névrose ! Là, on serait dans un tout autre registre Les névroses entraînent bien d'autres problèmes que la procrastination, crois moi. Dans ce cas, c'est celle ci qu'il faut soigner en premier, tu ne penses pas ?
Faut pas dramatiser une névrose non plus, on passe tous par là dans des périodes difficiles... ;-)

Bien sûr, Triskel, mais il y a des degrés, aucune discontinuité entre une névrose grave qui gâche complètement la vie et la parfaite normalité. S'agissant d'introversion ou extraversion, les deux ont leur intérêt en même temps que leurs défauts. Autant en avoir conscience, non ?

Bonsoir @Tchar et @Triskel,
Je crois que c'est surtout la retraite qui amène cela, car on a toujours le temps pour faire les choses, rien ne presse plus et puis, quand on a eu double boulot comme moi, on a bien le droit à un peu de répit.
Bonne fin d'après-midi.
Paul.

Je suis en grande partie d'accord avec toi, Paul...  C'est pour cela qu'il est important de la préparer en démarrant des activités suffisamment passionnantes et aussi des sociales (sport en groupe, réunions sur un thème) qui structurent la semaine et la journée.  

D'où, l'intérêt d'une retraite plus tardive (pas taper, hein ! ) pour les métiers "légers"... L'idéal est de passer à un mi-temps en fin de carrière, mais bon, ce n'est pas le sujet, je vais me faire descendre par les français du forum, là...

La meilleure solution contre la procrastination, c'est d'observer la satisfaction personnelle de faire les choses en temps et en heure. C'est cette satisfaction qui donne envie de prendre les bonnes habitudes.

Si vous retardez le moment pour faire le ménage, vous vivez dans la saleté. Et ce n'est pas agréable.

Bonsoir Bluenote,
Non, moi, les tâches quotidiennes, je les fais en temps et heure, ce sont plutôt mes passions que je diffère comme l'électronique, la couture, le jardin, mais les activités que je pratique avec mes associations, je suis obligé de respecter les horaires, même si, des fois, je suis à la bourre.
Bonne soirée.
Paul.

Bonsoir Triskel,
C'est ce que j'ai fait, un mi-temps la dernière année, revers de la médaille, je n'ai pas tous mes trimestres cotisés, donc une retraite incomplète, mais j'en avais besoin après plus de dix ans à m'occuper de mon alzheimère.
Bonne soirée.
Paul.

J’avais décidé d’arrêter de procrastiner mais en réfléchissant je le ferait demain , car pourquoi faire aujourd’hui ce qu’on pourrait faire demain

"faire les choses en temps et en heure", c'est justement ce que je suis incapable de faire, ou alors je ne fais plus que ça et ma vie se résumerait à une suite de tâches à accomplir. J'ai dû trouver d'autres trucs qui tiennent mieux compte de ma personnalité : je fonctionne plutôt par impulsion et j'ai appris à en prendre parti sans négliger les tâches urgentes (comptes...).  

Un jour j'ai ouvert une site sur la procrastination. À la première page, il était écrit: "si vous avez cherché cette page, c'est que vous avez déjà trouvé un prétexte pour procrastiner.  Alors fermez votre ordinateur et mettez vous au travail tout de suite !

J'ai obéi...  (mais je ne me suis quand même pas mise à faire ms comptes... )

Entre nous ne le répétez à personne hein...   Ça va, personne n'entend...

Vous ne trouvez pas qu'internet est un magnifique outil de procrastination ? *  Pour moi en tous cas oui.  Quand je dois faire mes comptes (OK OK je focalise dessus mais c'est ma bête noire...), je cherche le moindre prétexte pour ne pas m'y mettre.  Ces prétextes doivent obligatoirement être de courte durée, par exemple : voir s'il n'y a pas de nouveau message, ça prend 3 secondes, me faire un café: 30 secondes, etc.  "Aller jardiner", ça je ne peux pas parce que je sais que ça va prendre longtemps, j'adore ça.  Donc ce sont des petits prétextes.  À une époque, j'en suis venue à chronométrer le temps que je passais sur la toile.  J'imagine que pour ceux qui sont accrocs au téléphone portable, ça doit être encore pire parce qu'il l'ont toujours avec eux, tandis que l'ordinateur reste à une place +/- fixe.

Ça nous entraîne vers un autre problème, mais j'en parle ici parce qu'à mon avis, ils sont liés.  Internet nous habitue à zapper facilement, on reste peu de temps à lire un texte (et on le lit mal), il est prouvé que cela nous habitue à fractionner nos activités et chez les enfants accros on constate qu'il ont plus de mal à rester concentrés longtemps sur une activité.

Qu'en pensez vous ?

* rassurez vous, j'ai fini tous mes comptes et même fait des rangements de paperasse que je reportais depuis... quelques années... Le mauvais temps a parfois du bon...

Internet est un outil récent. Pour l'instant ça fait pas mal de dégâts chez les jeunes, mais chez les autres aussi. Internet créé une excitation mentale. Mais cette excitation est aussi stimulante pour l'esprit. On écrit et on lit beaucoup sur internet normalement c'est avantageux pour le développement de la culture.