Quel évangile parle des rois mages ?
L'Évangile selon Matthieu (2, 1-12) est le seul texte biblique mentionnant la venue des Rois mages à Bethléem, douze jours après la naissance du Christ. Elle ne mentionne ni leur nom, ni leur nombre, ni leurs origines. C'est la tradition qui, au fil des siècles, a ajouté les détails que nous connaissons aujourd'hui.
Ni trois, ni rois... La véritable histoire des Rois mages
C'est l’Épiphanie ! Entre deux parts de galette, prenez le temps de vous pencher sur la véritable histoire des mages telle qu'elle a été racontée dans la Bible (avant qu'elle soit réécrite par la tradition) et d'en découvrir le sous-texte.
Serez-vous reine ou roi de la galette cette année ? Douze jours après Noël, l’Épiphanie célèbre la visite des mages venus d'Orient, à Jésus nourrisson. Aujourd'hui, on les connaît sous les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar, comme les a nommés au VIe siècle la tradition, qui a pérennisé l'idée qu'ils étaient trois, venus de continents différents, et en a fait des rois. En réalité, l'épisode initial tel qu'il est raconté par Saint Matthieu, le seul évangéliste à avoir évoqué ces mages, est extrêmement énigmatique, et surtout très peu historique.
Un très court passage dans la Bible : "Tout l’effort de chercher là un épisode qui se serait véritablement déroulé est erroné."
“Il n’y a pas grand chose d’historique en dépit de tout ce que l’on peut chercher. Je crois que ce texte est déjà volontairement écrit comme une légende", commentait à propos de l'épisode des mages l'anthropologue Jean Lambert, chercheur au CNRS, dans Les Chemins de la connaissance en 1993. Seul Saint Matthieu parle de "mages" dans son Évangile, écrite entre 70 et 90 ans après la naissance de Jésus. Assez peu de lignes sont consacrées à ces mystérieux astrologues ; voici l'extrait central de ce court récit :
Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile à l'Orient et nous sommes venus l'adorer. Ce que le roi Hérode ayant appris, il fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. [...] Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue à l'Orient allait devant eux, jusqu'à ce que, venant au-dessus du lieu où était l'enfant, elle s'arrêta. A la vue de l'étoile, ils eurent une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Et ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
D'après le Nouveau Testament, le nombre des mages n'est donc pas mentionné, pas plus que leurs noms, ou que leur provenance précise, comme le soulignait Jean Lambert : "Le texte de Matthieu ne dit pas qu’ils sont des rois, pas plus qu’il ne dit qu’ils sont trois, ou qu’il y en a un qui serait noir et les deux autres arabes. Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils viennent, ils donnent, et ils partent par une autre route."
C'est en fait le nombre des cadeaux (or, encens et myrrhe) qu'a retenu la tradition, pour pérenniser l'idée que ces mages étaient au nombre de trois. Et c'est à l'éminent théologien de Carthage, Tertullien, qu'ils doivent leur couronne : au IIe siècle, celui-ci, qui s'est converti au christianisme, rapproche le texte de Saint Matthieu d'autres textes bibliques, et notamment du psaume 72 qui claironne : "Les rois de Tarsis et des îles enverront des présents, les rois de Saba et de Séva paieront le tribut, tous les rois se prosterneront devant lui". Les mages deviennent-ils rois dès ce moment-là ? L'histoire de l'art témoigne qu'il faut quand même attendre le XIIe siècle pour les voir représentés avec une couronne.
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