Historique
De fait, la censure de l’Eglise s’exerçait déjà au Moyen-Age. Mais le développement de l’imprimerie au début du Xve siècle conduit l’Eglise à une organisation systématique de la censure. Le principe d’une liste des livres interdits a ainsi été adopté en 1515 (oui, oui, Marignan…) au Ve Concile de Latran, par la promulgation d’une loi universelle qui établissait l’exercice de la censure préalable à l’impression de tout ouvrage et le contrôle des écrits déjà publiés.
A la suite de l’impulsion critique donnée par Luther en 1517, l’imprimerie devint le principal moyen de diffusion de la Réforme. La rafale de pamphlets et de livres réformés provoque des réactions locales des autorités ecclésiastiques ou civiles et des universités afin d’empêcher l’impression, la vente et la lecture des ouvrages protestants. Est ainsi publié en 1544 l’Index de la Faculté de Théologie de Paris. Suivent ceux de l’Université de Louvain et des Inquisitions de Venise, du Portugal et d’Espagne. On ne peut alors parler que des index…
… et ce jusqu’en 1559, date à laquelle est publié, dans la foulée du Concile de Trente, le premier Index romain. En 1571, le pape Pie V crée la Congrégation de l’Index qui est chargée de la mise à jour permanente de la liste des livres prohibés. Cette institution a donc pour mission d’interdire de nouveaux écrits, d’expurger certains ouvrages suspects, de permettre la circulation de ceux qui ne sont plus considérés comme nocifs et d’exercer une vigilance constante afin d’éviter la diffusion des écrits dangereux. A partir du XVIIe siècle, elle procède à l’interdiction de livres par décrets particuliers. A des intervalles différents paraissaient des éditions de l’Index qui incorporent des décrets de condamnation.
En 1917, Benoît XV supprime la Congrégation de l’Index est transfère ses attributions au Saint-Office. En 1948 est publiée la 32e et dernière édition officielle de l’Index, édition qui reste en vigueur, avec de nouveaux ajouts, jusqu’à sa suppression en 1966. C’est dans le cadre des réformes consécutives au concile de Vatican II que fut aboli l’Index, par un décret qui stipule notamment : « L’Index garde sa valeur morale (…) mais n’a plus force de loi ecclésiastique avec les censures qui y sont attachées. L’Eglise fait confiance à la conscience mûre des fidèles »…
Interdictions implicites
Les règles générales de l’Index du Concile de Trente interdisaient a priori et d’une façon absolue tous les écrits des hérésiarques (fondateurs d’hérésies ou chefs d’hérétiques), les écrits lascifs et obscènes, les écrits d’astrologie, de divination et d’arts occultes.
D’autres règles de ce type s’ajoutent à l’Index au cours des siècles et interdisent les livres qui critiquent les Souverains Pontifes, les institutions religieuses et les personnes ecclésiastiques, attaquent les bonnes mœurs, contiennent des faits surnaturels non approuvés par l’Eglise, enseignent la superstition sous toutes ses formes et défendent le divorce, le duel et les sociétés secrètes, comme la franc-maçonnerie.
Ces règles générales expliquent que des auteurs comme Sade ou Marx ne figurent pas explicitement à l’Index, quoiqu’ils ne soient pas en odeur de sainteté au Vatican.