Vers l’an 660, vivait près de Samosate, ville sur l’Euphrate en Arménie, dans un bourg nommé Mananalis, un homme respectable du nom de Constantin. Les écrivains catholiques romains le représentent comme ayant adopté certaines doctrines manichéennes, mais d’autres disent qu’il appartenait à l’Église grecque. C’était au temps où les sectateurs de Mahomet s’étaient emparés de la Syrie. Un jour se présenta chez Constantin un diacre de l’église arménienne qui avait été fait prisonnier par les Sarrasins (*), mais qui avait réussi à recouvrer sa liberté. Constantin l’accueillit, le garda quelques jours chez lui, et le diacre, en le quittant, lui donna en retour de son hospitalité, deux manuscrits contenant l’un, les quatre évangiles, et l’autre, les quatorze épîtres de Paul. C’était pour ces temps où les manuscrits des Écritures étaient rares et chers, un riche et précieux présent. Par ce don nous pouvons juger de la nature des conversations que Constantin avait eues avec son hôte. Constantin lut et étudia les saints livres, et la lumière de la vérité pénétra dans son âme. Il brûla ses mauvais livres, et ne voulut plus en étudier d’autres que les évangiles et les épîtres. Ses principes religieux et sa vie tout entière furent changés. « De l’abondance du cœur la bouche parle » : Constantin commença à communiquer à d’autres ce que Dieu lui avait appris par sa Parole, et des disciples se réunirent autour de lui. Il avait vu dans les Actes et dans les Épîtres ce qu’étaient les églises au commencement, et il désirait y revenir. Par là il rejetait nécessairement et la hiérarchie qui dominait l’Église grecque aussi bien que la romaine (**), et les erreurs de ces deux églises, surtout l’adoration des saints et de la Vierge.