Au risque de se perdre . The Nun's Story

Le film vient d'être rediffusé sur nos écrans.
J'ai réussi à me procurer le bouquin (qui n'est plus réédité).

Il y a quelques années, j'avais également trouvé le livre "Malou", d'occasion. Le livre écrit par Nicky Langley, une actrice et écrivaine flamande, est une sorte d'enquête pour reconstituer l'histoire de la vraie "nonne" sur qui le roman s'est basé.

bol a écrit:

Il y a presque cinquante ans, la sortie de The Nun's Story, un film sensationnel de Fred Zinnemann, avec Audrey Hepburn, a eu lieu. The Nun's Story est l'un des films les plus grands et les plus réussis de tous les temps. Il raconte l'histoire de la brillante religieuse flamande Gabrielle Van der Mal (sœur Luc), qui entre au couvent et voit ainsi se réaliser son rêve de pouvoir travailler comme sœur missionnaire en Afrique. Mais au couvent, elle se heurte constamment à sa supérieure et à sa conscience, car elle a du mal avec les vœux d'humilité, de chasteté et d'obéissance. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle décide de se désengager. Ce que peu de gens savent, c'est que l'histoire de The Nun's Story est basée sur des faits réels et qu'une religieuse flamande a servi de modèle à sœur Luc. Mais qui était cette nonne ? Et pourquoi le film a-t-il fait tant de bruit en Flandre à l'époque ? Avec ces questions en tête, Nicky Langley a entrepris de découvrir l'identité et l'histoire de la vie d'une femme courageuse qui a mené une vie tout sauf ordinaire, qu'elle a soigneusement gardée cachée pendant des années.

Elle s'appelait Marie-Louise Habets (Malou), elle était entrée chez les soeurs de charité de Jésus et Marie (dites de Gand) et avait reçu le nom de Sr Xavérine.

nl wikipedia traduit par ImTranslator a écrit:

En 1933, elle fut envoyée à l'hôpital de la mission que sa congrégation avait doté pour le gouvernement belge au Congo belge. À l'été 1939, elle retourne en Belgique parce qu'elle a contracté la tuberculose, quelques années avant le début de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion allemande de la Belgique. Son père est tué peu de temps après, provoquant chez Sœur Xaverine une telle haine des Allemands qu'elle s'implique dans la résistance belge. Sentant qu'elle ne peut obéir aux préceptes de sa foi, elle demande au Saint-Siège une dispense de ses vœux religieux - une demande très rare à son époque. Finalement, cette demande a été accordée et elle a quitté la congrégation le 16 août 1944 de leur couvent à Uccle.

Habets s'installe à Anvers, libérée par les Alliés quelques semaines plus tard. Elle a rejoint une unité de premiers secours britannique qui a soigné les blessés des soldats pendant la bataille des Ardennes. Elle était présente à Anvers lorsque les troupes allemandes ont bombardé la ville peu après sa libération, tuant et mutilant une dizaine de milliers de personnes. Après la fin de la guerre en Europe, elle est envoyée en Allemagne pour aider à soigner ses compatriotes emprisonnés dans les camps de concentration.

L'autobiographie de Hulme de 1966 Undiscovered Country décrit la première rencontre de Hulme et Habets en 1945. Tous deux étaient volontaires de l'Administration des Nations Unies pour les secours et la réhabilitation (UNRRA), un projet international visant à réinstaller les réfugiés et les autres personnes déplacées par la guerre. Hulme dit que lors d'un camp d'entraînement dans le nord de la France, elle a rencontré une femme belge qui passait la plupart de son temps à dormir. Même lorsqu'elle était éveillée, la femme, une infirmière, était silencieuse, solitaire et inquiète, presque antisociale. Au fil du temps, cependant, l'infirmière belge s'est avérée être une travailleuse assidue, une bonne amie et une femme avec un secret : elle venait de quitter le couvent après 17 ans de lutte avec ses vœux. Elle se sentait accablée et déprimée par un profond sentiment d'échec.

https://nl.wikipedia.org/wiki/Marie_Louise_Habets

ML Habets considérait qu'elle n'avait pas été à la hauteur pour mener la "vie parfaite" des religieuses.
Kathryn Hulme avec qui elle vivra jusqu'à la fin de sa vie, a fait de ses souvenirs un roman. Elle lui a parfois attribué des aventures ou des anecdotes arrivées à d'autres religieuses, ce qui n'a pas plus aux supérieures de son ancienne congrégation.

Niewsblad traduction google a écrit:

« Son beau-père, médecin qui rendait souvent visite aux sœurs, avait prévenu Malou que la vie monastique stricte ne serait pas pour elle. Cela s'est avéré être le cas. Après ses études d'infirmière, Malou se rend au Congo belge en 1933 comme sœur missionnaire. Elle adorait être là, mais la tuberculose l'a ramenée dans notre pays juste avant le déclenchement de la guerre. Ici, elle a assisté des mourants, mais après la liberté qu'elle avait connue en Afrique, elle ne pouvait plus obéir aux règles strictes des Sœurs. Par exemple, elle ne comprenait pas pourquoi, lorsque la cloche sonnait, les sœurs devaient tout laisser tomber pour prier, même lorsqu'elles s'occupaient d'un mourant. Lorsque Malou a finalement décidé de partir, le monastère a refusé à plusieurs reprises. Cela n'a réussi qu'après qu'un riche ami noble ait mis une grosse somme d'argent sur la table pour "racheter" Malou."

Introverti

Cependant, Malou ne perdrait jamais sa foi et sa charité. « Elle détestait le régime nazi et combattait comme résistante. Elle a caché un pilote chez elle. Après la guerre, elle s'est portée volontaire pendant des années pour guider les survivants des camps de concentration vers une nouvelle vie. Sa patronne était Kathryn Hulme, une écrivaine américaine fascinée par l'énergie de cette Flamande égocentrique qui menait une vie spartiate et dormait par terre.

Une amitié spirituelle s'est développée entre les deux femmes et elles ont finalement déménagé ensemble aux États-Unis en 1951. Cinq ans plus tard, Hulme a publié l'histoire de son partenaire de vie. The Nun's Story était un best-seller mondial et a rapidement attiré l'attention d'Hollywood.

Intimidé par la ville

Lorsque le réalisateur Fred Zinnemann est venu à Gand en 1957, agitant un paquet de dollars, pour demander l'autorisation de filmer dans le monastère de la Molenaarsstraat, il est tombé sur un niet de l'évêque de Gand. « que sœur Xaverine soit sortie du couvent n'avait toujours pas été digéré par le pilier catholique », dit Nicky Langley. «La demi-sœur de Malou, Rita, également sœur de la Charité, a même été victime d'intimidation de la part de Gand . Les cinéastes ont ensuite minutieusement recréé les couloirs et la chapelle en studio. Ils sont clairement reconnaissables dans le film.

« Malou était une femme exceptionnelle », dit Langley. « Si elle était née un demi-siècle plus tard, elle aurait sans aucun doute bâti une carrière importante. Mais elle était une enfant de son temps et a continué à se sentir comme une nonne ratée toute sa vie. Pourtant, elle a démontré comme personne d'autre que l'on peut aussi servir Dieu et l'homme sans habitude.

Niewsblad

Aujourd'hui, la congrégation d'origine en parle de manière décomplexée.

D'autres images du film mais sans le son d'origine


Dans la congrégation d'origine, les Srs de charité de Jésus et Marie (de Gand), les postulantes ne portaient pas de robe de mariée lors de la prise d'habit.

Je ne comprenais pas très bien comment ça se déroulait en lisant le livre d'où le film est tiré. Mais j'ai trouvé dans le site des archives de la congrégations des photos de la cérémonie.

Le jour qui précédait, les futures novices étaient tondues.
Ce n'est pas le joli coupage de cheveux qu'on voit dans le film. On ne leur laissait pas un poil sur le caillou.
Le voile des postulantes, à l'époque recouvrait toute la tête, donc on ne voyait pas leurs cheveux comme dans le film.


Le jour de la prise d'habit, elles gardaient leurs vêtements de postulantes mais portaient par dessus un grand voile de mariée avec une couronne fleurie. Il y avait toutes les prières d'usage puis elles recevaient un cierge, sortaient de la chapelle et étaient habillées en religieuse avant de revenir pour le reste de la cérémonie.

L'habit de la congrégation à l'époque de ML Habets, Soeur Xavérine.

Je me suis demandé ce qui pouvait pousser tant de jeunes femmes à entrer dans ce genre de congrégations au début du siècle dernier.
Se faire tondre, dormir sur une paillasse, vivre une vie frugale, austère, très disciplinée ... une ancienne qui avait connu cette époque me disait qu'avant le Concile, c'était comparable à l'armée !
... Au point qu'elle avait pensé, elle, à partir, plusieurs fois. Elle avait toujours remis ça à plus tard et était donc restée.

Une connaissance m'a rapporté la réflexion d'une religieuse infirmière pensionnée : tu comprends bien, si on avait eu à notre époque, les possibilités qu'ont les femmes aujourd'hui, je ne serais jamais rentrée (en religion)

A l'époque, exercer les métiers d'infirmière ou d'institutrice était l'apanage des célibataires. Il fallait ou bien rester vieille fille ou bien devenir religieuse. Dans le second cas, on n'avait l'assurance du soutien communautaire en cas de coup dur et lorsqu'on était âgée.
Je ne dis pas que ces femmes n'étaient pas pieuses, mais une "vocation" telle qu'on l'entend aujourd'hui ... on n'était moins regardant à l'époque sur les motivations des candidates, tant qu'elles rentraient dans le moule.

Je me demande parfois si ce n’est pas aussi ce qui motive des candidates à la vie religieuse dans des pays où les conditions de vie ne sont pas faciles pour les femmes et leurs possibilités de carrière nulles…(en Afrique, par exemple).

Et pour les congrégations missionnaires du siècle passé, souvent la seule opportunité de voyager !

C'est vrai que les congrégations recrutent aujourd'hui dans ce qui étaient autrefois des pays de mission.
Mais ça a l'air de "se calmer" pour le moment.
Et en Afrique, c'est là où se concentrent le plus de religieuses abusées.

lhirondelle a écrit:

C'est vrai que les congrégations recrutent aujourd'hui dans ce qui étaient autrefois des pays de mission.

Je crois bien que les religieuses que je croise dans la rue par chez moi sont majoritairement de couleur.

L'actuelle supérieure générale des soeurs de charité de Jésus et Marie, la congrégation qui a inspiré The Nun's Story, est indienne.
https://soeursdelacharitedejesusetdemarie.org/spip.php?rubrique23&lang=fr
Le gros de leurs effectifs se trouvent actuellement en Afrique et en Asie